vendredi 8 mai 2020

Sang et or. La crise comme facteur de création de monstres

Publié le 27/11/2011


Il est souvent fait référence à la crise économique de 1929 pour décrire la dépression actuelle ; or, par un enchaînement tragique, la crise de l’époque a conduit, par ses conséquences sociales puis politiques, au désastre de la Seconde Guerre mondiale. Il paraît donc légitime, si on veut poursuivre l’analogie jusqu’au bout, de s’interroger sur le caractère belligène de la situation actuelle. Le capitalisme peut-il se sauver par l’impérialisme, selon les idées de Lénine ? Ne peut-on considérer, au contraire, que l’affaiblissement des puissances libérales peut stimuler l’agressivité de régimes hostiles ou conduire à des « implosions » qu’il sera impossible d’ignorer ? Pour appréhender ces rapports entre situation économique et situation stratégique, complexes mais pas nouveaux, il est intéressant d’interroger l’histoire.

La crise comme facteur de paix entre les peuples

Dans La prospérité du vice, l’économiste Daniel Cohen reprend les théories du temps long et les corrélations que certaines d’entre elles avaient établies entre les cycles économiques et les guerres, depuis les débuts de la Révolution industrielle (1). A la suite de Gaston Imbert (2), il distingue ainsi quatre grandes phases de 1815 à 1914. La période qui va, en France, du Ier Empire à la guerre de Crimée (1853-1856) se caractérise par un cycle long de dépression économique qui privilégie les conservateurs sur les progressistes et offre moins de ressources à l’Etat et à son armée. A partir des années 1840, la tendance économique s’inverse. L’Etat commence à disposer de ressources importantes qui lui permettent d’en consacrer une partie importante à des efforts collectifs et à poursuivre ses ambitions propres à l’extérieur. Le « concert européen » se délite et les grandes guerres européennes réapparaissent (Crimée, Italie, guerres « prussiennes »). En revanche, la « grande dépression » qui débute en 1873 s’accompagne d’une décroissance guerrière dans une Europe qui retrouve des règles collectives de gestion de crises. Au début du siècle suivant, le retour de la prospérité en Europe voit aussi le retour du nationalisme et la réapparition des conflits jusqu’à la Première Guerre mondiale. Loin du « doux commerce » évoqué par Montesquieu, la prospérité semble donc plus belligène que la dépression par la combinaison de confiance collective et de ressources qu’elle suscite.

La crise comme facteur de sécrétion de monstres

Comme dans Fondation, le roman d’Isaac Asimov, il arrive toutefois que les « lois » historiques soient violées par des « anomalies ». Dans la période qui suit la Première Guerre mondiale et la gestion de ses conséquences immédiates, la tendance est à la réduction drastique des armées et à la « mise hors la loi de la guerre ». La crise de 1929 accentue encore le phénomène de repli sur soi jusqu’à ce que les tensions internes qu’elles suscitent, toujours favorables à la recherche de boucs émissaires, conduisent à l’arrivée au pouvoir du parti nazi, en Allemagne. Ce nouveau régime totalitaire, qui porte en lui la guerre, peut consacrer des ressources importantes à son outil militaire, d’autant plus que, keynésien avant l’heure, il constate que « beurre et canon » ne sont pas forcément incompatibles, et surtout que les puissances adverses restent, elles, paralysées par la crise. Les politiques d’ « apaisement » ne font que stimuler l’agressivité d’Hitler jusqu’au désastre final qui voit également l’apparition d’une autre « anomalie » historique : l’arme nucléaire.

Des grandes guerres des « trente glorieuses » aux petites guerres des « trente piteuses »

Par un effet gravitationnel inverse qui tend à écarter le risque d’agression majeure de toute nation qui la possède, l’arme nucléaire permet de maintenir les deux blocs en apesanteur guerrière mais n’affecte pas ce qu’on désigne alors comme le Tiers Monde. L’affaiblissement des puissances européennes commence par profiter aux mouvements de décolonisation jusqu’à ce que la croissance retrouvée leur permette de retrouver des forces. Même si les enjeux n’y sont pas les mêmes, le contraste est flagrant entre la guerre d’Indochine (1946-1954), menée dans une certaine indifférence par la France, avec des professionnels équipés par les Américains, et la guerre d’Algérie (1954-1962), qu’elle finance seule et où elle engage le contingent. Cette même croissance permet ensuite à la France de transformer une nouvelle fois son armée en la dotant d’un arsenal atomique. L’intervention américaine au Vietnam, en parallèle de la coûteuse course à la Lune, conclut la période des « trente glorieuses ».

La crise économique qui suit voit le repli américain succéder au repli européen post-colonial et l’initiative passe aux Etats communistes (expédition chinoise au Vietnam et surtout soviétique en Afghanistan en 1979) ou pétroliers (invasion irakienne de l’Iran en 1980). Les tensions intérieures s’accroissent (terrorisme en Europe, coups d’état en Amérique latine, guerre civile libanaise) et débouchent parfois sur des affrontements interétatiques comme l’aventure argentine aux Malouines en 1982 face à un Royaume-Uni que l’on croit affaibli. Mais même en crise, les puissances capitalistes sont plus résistantes que leur adversaire communiste, dont le système économique finit par s’effondrer. Grâce, en partie, au « blocage nucléaire », cette crise communiste s’achève par la transformation de l’Union soviétique et de la Chine et non par une fuite en avant militaire. Les Etats-Unis triomphent par abandon mais ils sont quand même obligés de demander l’aide de leurs alliés pour financer leur première grande intervention militaire post-guerre froide, face à l’Irak en 1991.

Capitalisme partout, sécurité nulle part 

Fin des blocs, limitation des ambitions par faiblesse économique, « nouvel ordre mondial » structuré par la puissance américaine, les conditions semblent réunies en 1991 pour un apaisement du monde. Effectivement, les premières années 1990 sont celles des « dividendes de la paix » et de la diminution du nombre des conflits (de 40 % de 1991 à 2005 (3)) ainsi que les budgets militaires. L’hypothèse d’une « fin de l’histoire », par l’unité idéologique du monde, fait son apparition en même temps que la croissance pour les bénéficiaires de ce décloisonnement. Ce n’est pas un phénomène nouveau (4). Lors de la première mondialisation, à la fin du XIXe siècle, l’idée d’une communauté de culture entre les puissances et leur imbrication économique avait produit des visions similaires. En réalité, les nouveaux moyens de transport et de communications avaient exacerbé les identités (5). La première mondialisation a ainsi conduit à la Première Guerre mondiale.

Force est de constater que le monde des années 1990 n’est pas aussi « plat » que le souhaiterait certains et que des « saillants » apparaissent un peu partout, à l’intérieur même de ces Etats affaiblis et qui ne se font plus que rarement la guerre (6). Si on peut désormais se rendre dans n’importe quel pays, on ne peut que rarement s’y déplacer partout en toute sécurité tant les zones de non-droit se sont multipliées dans les banlieues, bidonvilles géants, ghettos ethniques, territoires occupés, zones tribales et mêmes espaces côtiers.

Ces « poches de colère (7)» sont propices au développement d’organisations non étatiques, le plus souvent locales et réactionnaires, mais parfois à vocation internationale comme Al Qaïda, qui introduit une nouvelle « anomalie » le terrorisme massif, finalement peu destructeur, mais à très forte charge émotionnelle. L’apparition de cette menace terrorisme déclenche à son tour le retour des grandes expéditions militaires américaines, rendues possibles par les bénéfices de cette même mondialisation. Mais ces opérations, comme celles d’Israël, révèlent aussi la résistance des organisations nichées dans les « poches de colère » comme le Hezbollah, les néo-talibans ou l’armée du Mahdi.

Simultanément, la croissance nouvelle offre des ressources à des nations émergentes qui n’ont certainement pas l’intention de se contenter d’un statut de « nouveau riche », à l’instar du Japon, et dont certains, comme la Chine ou la Russie doublent leur budget de défense tous les cinq ans.

La nouvelle guerre de trente ans

La crise actuelle réduit momentanément les ambitions. Les Etats-Unis ne peuvent plus se payer des guerres qui n’engagent pas des intérêts vitaux tout en coûtant deux milliards de dollars par semaine et le président Barack Obama se lance clairement dans un processus de désengagement. Al-Qaïda, de son côté, est victime de sa folie et de son rejet du monde arabe autant que des coups américains. L’élimination de ses derniers grands leaders lui porterait sans doute un coup fatal et faciliterait par là-même le repli américain. A court terme, la tendance semble donc plutôt à l’apaisement du monde même si, on l’a vu, le retrait des puissances occidentales peut aussi être une incitation à l’agressivité de certains Etats.

A plus long terme, tout le problème stratégique de la crise économique actuelle réside dans sa durée. S’il s’agit d’une parenthèse violente dans un cycle long de croissance, on verra se dessiner une nouvelle géopolitique multi-polaire, qui, sauf à établir un nouveau système de gestion collective des crises, aboutira dans un contexte de ressources limitées pour des puissances en plein développement, à des affrontements. Ceux-ci resteront, il faut l’espérer, contenus par le blocage nucléaire et seront donc très indirects. S’il s’agit au contraire du point de départ d’un long marasme, on peut anticiper des fortes tensions internes dans de nombreux pays et pour les plus instables, le chaos de type somalien ou la réapparition de régimes dangereux. Dans tous les cas, les opérations militaires auront lieu dans le « monde intermédiaire » entre les puissances, plus particulièrement dans ses « zones grises » et sous forme, dite encore, par habitude, « irrégulière » alors que cela tend à devenir la règle. La situation économique conditionnera simplement les rapports de force. 

Quoiqu’il advienne de la crise économique actuelle, le monde à venir sera plus dangereux pour une France dont le poids relatif économique et démographique décline inexorablement, au sein d’un ensemble européen qui semble lui-même de plus en plus vulnérable par son manque de dynamisme. Il n’est peut-être pas encore trop tard pour en tirer vraiment les conséquences pour notre outil de défense, qui, de variable budgétaire, peut devenir aussi le moteur intérieur et le garant extérieur de nos intérêts dans cette nouvelle « guerre de trente ans ».

(1) Daniel Cohen, La prospérité du vice, Albin Michel, 2009. Voir aussi Luigi Scandella, Le Kondratieff, Economica, 1998 et Bernard Wicht, Guerre et hégémonie : l’éclairage de la longue durée, Georg Editeur, 2002.
(2) Gaston Imbert, Des mouvements de longue durée Kondratieff, La Pensée Universitaire, Aix-en-Provence, 1959.
(3) Rapport de l’Human Security Center d’octobre 2005 repris par Philippe Bolopion, « Depuis la fin de la guerre froide, les conflits sont moins meurtriers », in Le Monde, 18 Octobre 2005.
(4) Francis Fukuyama, La fin de l’histoire et le dernier homme, Flammarion, 1993.
(5) De presque identiques au début du XIXe siècle, les costumes traditionnels de la Bretonne et de l’Alsacienne se différencient au fur et à mesure du « rapetissement » de la France par les nouveaux moyens de communication. Voir Christian Grattaloup, Géohistoire de la mondialisation : le temps long du Monde, Armand Colin, 2006.
(6) Thomas Friedman, La Terre est plate : une brève histoire du XXIe siècle, Saint-Simon, 2006.
(7) Arjun Appaduri, Géographie de la colère, Payot, 2007.

13 commentaires:

  1. Les périodes de dépressions, qu'elles soient économiques, morales ou politiques ou encore tout cela à la fois, sont propices à l'apparition de "'sauveurs". Ces sauveurs incarnent la solution unique qui permettra à la société de se sortir de l'ornière dans laquelle elle se trouve. L'histoire de France est pavée de ce type de personnage: de Jeanne d'Arc à de Gaulle en passant par Foch ou Pétain. Ce statut s'acquièrent soit au travers du passé de l'individu (Pétain, de Gaulle) ou alors d'idées qui flattent le peuple et lui font croire à la sortie radicale de la crise. Et au final en effet chacun est un monstre à son niveau: de Gaulle supporte le poids de la perte de l'empire colonial et de l'Algérie, Pétain celui de la collaboration.... Napoléon Ier n'échappe à la règle (pensez à la campagne d'Espagne).
    Quand tout semble perdu, chacun veut croire à un miracle et quand se présente un homme qui peut l'incarner, alors tout est possible, même le plus ignoble.

    RépondreSupprimer
  2. L'Allemagne d'Hitler,c'est la guerre et elle en avait besoin. En effet,dans un premier temps le miracle allemand nazi est condamné sans l'invasion (au début "pacifique" par notre faiblesse)et le pillage de l'Europe. Hitler va savoir profité d'un outil industriel important tourné vers la production alors que la France du Front populaire fait la grêve (mais à augmenter le budget de la défense contrairement au Maréchal Pétain).

    RépondreSupprimer
  3. [Actuel]

    Pouvez vous, si votre temps n'est pas trop compté, nous faire un bref historique des cas de non paiement des soldes au sein des armées et de leurs conséquences ?
    (même si ce sujet ne pose pas forcément de problématique...)

    Merci,

    RépondreSupprimer
  4. J'ai du mal à saisir votre billet sous un quelconque angle, mais je pense finalement en avoir trouvé un : "la supériorité (en situation de crise de la demande) des politiques de relance militaire sur celles de contraction budgétaire".

    Il y a pu y avoir une "supériorité" de la politique de l'investissement dans l'outil militaire, et toutes ses ramifications. Cependant, il conviendrait de noter que nous n'avons plus le même système financier depuis cet exemple. Dans les années 30, la monnaie est produite par une banque centrale. S'il faut prêter à l'Etat, alors la banque centrale peut le faire à un taux d'intérêt dérisoire, voir inexistant. Si l'Etat ne rembourse pas, alors il faut créer de la monnaie et cette dernière se déprécie. Dans l'état actuel de notre système monétaire, nous n'avons plus de Banque centrale en Europe. Enfin, si, nous avons une chose, mais qui est prisonnière de son péché originel et d'une usurpation de puissance par l'Allemagne. De sorte que, les Etats européens, ceux de la zone euro du moins, ne peuvent plus emprunter à une banque centrale mais aux marchés.

    Il convient de relever qu'il y a ceux qui ont une banque centrale ayant tout pouvoir sur la monnaie : Chine, Etats-Unis, Japon, Angleterre, etc... et ceux qui ont abandonné cet attribut de puissance.

    Cependant, il me vient à l'esprit deux exemples historiques où l'on a conjugué l'aspiration à l'assainissement des finances de l'Etat avec l'aventure militaire, ou presque :
    - la destruction de l'ordre des Templiers par le Roi Philippe Bel ;
    - La conquête d'Alger et de ses trésors financiers (et accessoirement du Consulaire, dont on entend à nouveau parler).

    Dans les deux cas, nous ne sommes pas en présence d'une démocratie. Mais face à un Etat qui se trouve dans une situation financière inextricable.

    "Dans la période qui suit la Première Guerre mondiale, pour des raisons à la fois morales et économiques, la tendance est à la réduction drastique des armées."

    Je ne suis pas tout à fait d'accord. Je vais peut être prendre une seule partie de l'équation de l'époque, mais cela me paraît nécessaire. Nous parlons de quoi ? De l'outil militaire ? Manifestement, cette expression désigne ce que l'on nomme aujourd'hui l'Armée de Terre. Des années 20 aux années 30 il y a bien eu une contraction de cet outil, tant pour des raisons financières que diplomatique. Cependant, tout les outils "militaires" n'ont pas eu à se plaindre de cet état. La Marine nationale a pu se reconstruire durant les années 20. Les dépenses ne lui ont pas été refusé, et ce qui a pu gêner sa reconstitution (puisque les constructions ont été gelées entre 1914 et 1918) ce sont les mêmes traités de désarmement qui ont plombé la remise en route de l'Armée de Terre.

    "Qu’il constate que ces dépenses militaires relancent l’économie."

    Finalement, je suis plus tout à fait d'accord avec cette affirmation. Ce qui a pu, notablement, relancer l'économie allemande, ce serait le détricotement du traité de Versailles sur ses conséquences financières. D'autre part, c'est le fait que l'industrie allemande ne fut pas détruite pendant la guerre. La crise de 1929 toucha particulièrement durement l'Allemagne puisque les Etats-Unis retireront leurs capitaux. Cependant, toute contraction rapide permet, normalement, de se relever plus rapidement.

    "La faiblesse des démocraties"

    Ces dernières années, entre l'éclatement de deux bulles, les régimes "totalitaires", ou tyranniques, n'ont pas vraiment eu le temps de souffler. Ce qui inverserait la situation.

    Je suis navré de ne pas rédiger une réponse mieux construite, mais j'avoue que votre texte m'intrigue autant qu'il me bloque !

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour,

    Merci d'abord pour ce blog fort intéressant, qui permet de s'agiter un peu les neurones.
    Par ailleurs, je m’aperçois, en lisant ce billet, que je ne me suis jamais vraiment posé la question des origines du financement de la remilitarisation de l’armée allemande (ou, si je l'ai su, je l'ai oublié...). Évidemment, on sait le rôle des industriels et banquiers allemands, mais leur puissance financière venait-elle des exportations de produits, de la consommation intérieure, etc. ? A part eux, y a-t-il eu des sources étrangères (prêts, etc.) Peut-on avoir un éclairage un peu plus détaillé sur ce sujet ?
    Merci d'avance

    RépondreSupprimer
  6. d ou venait l argent!! seul les noms en façade ont changer,voir le livre de Kurt Gossweiler,'hitler l irresistible ascencion'

    RépondreSupprimer
  7. Est-il judicieux, en période de crise financière et morale, de réduire ses ressources militaires et de focaliser l’outil sur la sécurité intérieure, alors que la potentialité de danger augmente ?
    Sur le constat, il est évident que nous sommes en période de contraction, et il est fort probable qu’un prochain train de mesures aboutira à une baisse capacitaire (NB : il se dit que les commandeurs n’accepteront plus un échenillage du soutien et souhaitent mettre l’équation missions/moyens au centre de la discussion en mettant les politiques face à leurs responsabilités en proposant une réelle baisse capacitaire ; cf les discussions sur le bien fondé de maintenir une capacité blindés lourds). Il est également probable que le prochain Livre blanc fera coïncider baisse capacitaire et réorientation de l’outil défense vers la sécurité intérieure, avec quelques mesures d’accroissement en matière de renseignement et d’actions spéciales pour parer à la menace visible dans l’arc de crise, et certainement une poursuite de la civilianisation et de l’externalisation du soutien
    La réorientation du MINDEF vers la sécurité intérieure est également un fait, pas seulement terminologique (SGDSN au lieu de SGDN, MINDAC au lieu de MINDEF, …) mais aussi organisationnel (La PODEC au lieu de « préparer la ou une guerre » est bien ressenti comme « l’entraînement du pauvre ; cf le blog du CEMAT).
    Pour autant, ces mesures amputent l’outil ou le réorientent sans débats (quid des programmes électoraux pour 2012 ?) et sans texte fondateur. Aussi La réécriture du Livre blanc sera structurante et ne devra pas seulement mettre en adéquation moyens et missions ( dans cet ordre précis …).
    Je cite à cet effet le seul actuel ministre d’Etat : « L’explosion de la zone euro serait celle de l’Union Européenne elle-même. Dans cette hypothèse là, tout devient possible. Même l e pire. Nous nous sommes flattés pendant des décennies d’avoir éradiqué tout danger de conflit à l’intérieur de notre continent, mais ne soyons pas trop sûrs de nous. La montée du populisme, des nationalismes, des extrémismes en Europe rend la construction de l’Union Européenne plus vitale que jamais. » (A. Juppé, entretien à L’Express du 30 novembre 2011) et je laisse mesurer le fossé avec le « Engrangeons les dividendes de la paix »

    RépondreSupprimer
  8. Le Monde semble encore plus dangereux aujourd'hui que dans les années 30. Ce n'est plus seulement l'Europe (et ses empires...) qui sont concernés, mais également tous les pays, sur tous les continents: mondialisation oblige! L'arc de crise (en fait la croix de crise) s'allonge aujourd'hui vers l'Est et rejoint le Pacifique via le Pakistan, la Chine et la Corée... Qu'en résultera-t'il?
    Par ailleurs, nous assistons à un réarmement inquiétant en matière navale et aéronautique tout au long de cet arc de crise. Il est urgent de renforcer les capacités aéronavales fançaises et la logistique à long rayon d'action. Pour celà un redéploiement des finances publiques s'imposent, si l'on ne veut pas, comme en 37-38 faire trop peu, et trop tard... Pour les US, un Porte-Avions c'est 90.000 t de "diplomatie". C'est ce que ne comprennent pas nos politiques... On peut acheter à l'étranger des chars lourds dans l'urgence, mais plus de nos jours, un P.A. et ses systèmes d'armes... ni des hélicos ou des avions, comme les anglais viennent d'en faire l'expérience!
    Réarmer la France, renforcer l'Europe militaire, même si elle ne reste qu'un pilier de l'Otan, c'est aider l'industrie et donc créer des emplois à forte valeur ajoutée en France. C'est en plus augmenter son prestige à l'international et donc peut-être favoriser les exportations...
    A ce propos, quelqu'un peut-il expliquer pourquoi il y a encore dix ans, lorsque l'on livrait 1 Airbus à l'étranger cela nous rapportait beaucoup, et pourquoi maintenant, lorsqu'on les livre par dizaine çà ne redresse aucunement notre balance commerciale, encore moins celle des paiements?

    RépondreSupprimer
  9. L'Histoire aime à se répéter ! Les situations des années 30 et d'aujourd'hui se ressemblent beaucoup : crise économique, affaiblissement des démocraties par l'intérieur. Recherche de l’apaisement social par le renforcement des mesures de sécurité intérieure. Crise identitaire en Europe, renforcement des systèmes totalitaires (Russie, intégrisme) ou "forts" (Chine). Il faut espérer que nos politiciens, dont le rôle est de prendre des décisions et de préparer l'avenir mais qui ne pensent qu'à court terme actuellement, ne s'aveuglent comme l'on fait une grande partie des politiques de l'époque (Chamberlain). Réarmer l'Europe serait un moyen de renforcer notre voix dans les affaires "globales". Seul l'Europe peut encore, avec les Etats-Unis, intervenir dans le monde. Ni la Chine, ni la Russie, ni l'Inde, ni le Brésil ne peuvent le faire. Pas encore, mais la nature n'aime pas le vide. Pour cela, il faudrait que l'Europe parle d'une même voix. Là aussi nos politiciens se doivent de prendre leurs responsabilités.

    RépondreSupprimer
  10. Pour ceux qui veulent un aperçu historique de la question : http://lespoir.jimdo.com/2011/10/31/le-lib%C3%A9ralisme-%C3%A9conomique-a-t-il-enfant%C3%A9-hitler/

    Bien cordialement.

    RépondreSupprimer
  11. Pour formuler la chose d'une façon très générale :
    1° Une crise économique tend à conduire un régime pacifique à sacrifier l'effort militaire.
    2° Elle peut aussi amener au pouvoir un groupe belliqueux, enclin à l'effort militaire.
    3° Un régime belliqueux, en cas de crise économique, peut être tenté par la fuite en avant : la guerre.

    RépondreSupprimer
  12. Bonjour,
    Merci pour ce texte. Je voulais juste signaler une coquille dans la phrase
    " Les Etats-Unis triomphent par abandon mais ils quand sont obligés de demander"

    N'hésitez pas à effacer ce commentaire
    Bonne soirée

    RépondreSupprimer
  13. Bonjour,

    Concernant l'interrogation de la reprise de la croissance ou d'un marasme économique, il semble que ce soit la seconde issue qui prévaudra, le pétrole entrant dans une phase de déclin structurel (pas de découverte significative depuis les années 80, les nouveaux gisements très techniques donc chers à exploiter) et l'économie étant au premier ordre proportionnelle au pétrole consommé. Le maximum de production de pétrole conventionnel a eu lieu entre 2005 et 2006 (expliquant 2008), et le maximum tous pétroles confondu en 2018-2019 (la crise pétrolière a été masquée par la Covid-19, mais elle est encore devant nous).

    C'est ce même pétrole qui explique une bonne partie des guerres ou a minima des décisions stratégiques au XXe siècle (l'Allemagne nazie n'a pas de pétrole, elle doit donc se saisir des stocks au sud de la Méditerranée et en Russie en faisant face à des ennemis bénéficiant d'un pétrole qui coule à flots, idem pour la situation du Japon). Toutes les tensions au Moyen Orient dérivent aussi du contrôle du pétrole (les USA ne souhaitant pas un pouvoir hégémonique d'une nation arabe sur l'ensemble des réserves, ils ont donc tapé alternativement sur l'Iran ou l'Irak en fonction de la capacité de contrôle sur les champs qu'avaient ceux ci)

    RépondreSupprimer